Bien sûr la photo du quizz précédent illustre le niveau de la fraude qui est importante et pas seulement à Vernon mais sur toute la ligne et notamment en IDF même si la SNCF et la RATP la minimisent.
La fraude a des conséquences importantes:
* il y a plus de monde dans les trains que de billets vendus. Cela fausse les statistiques et donc l'offre n'est pas toujours adaptée.
* ayant au final moins de billets vendus, les AOT (Régions, État) qui payent la SNCF pour chaque train mis en place ne
peuvent pas augmenter l'offre car elles ne s'y retrouvent pas
financièrement.
* au final, les usagers en règle payent pour les autres tout en ayant un confort dégradé, des horaires inadaptés, et avec en plus un sentiment d'impunité pour les fraudeurs qui agasse de plus en plus les honnêtes gens.
Comment en sommes nous arrivés là?
* depuis des années, la SNCF ne contrôle plus régulièrement les billets dans le train. Cette année, je n'ai été contrôlé que 2 fois dans le RER D et 15 fois entre Vernon et Paris sur un total de 322 trajets! La SNCF a laissé la fraude se développer (et aussi la RATP).
* le coût des forfaits a augmenté plus que l'inflation et avec la hausse de la TVA ce n'est malheureusement pas fini. Comment la SNCF peut-elle justifier un forfait qui coûte 77€ à 100€ par mois pour le complément de trajet Vernon-Port Villez (5km)?
Cela revient à près de 2€ les 5km parcourus (40 trajets par mois,
0,4€ le km). La SNCF a des frais fixes et ces frais sont pris en compte dans le coût au kilomètre. Mais il faudrait tenir compte du fait qu'on ne fait pas 5km mais 80km,
le forfait étant un complément au pass navigo. Mais à chaque fois qu'on aborde ce sujet, on prêche dans le vide...
* les usagers trouvent (avec raison) que le service proposé n'est dès lors plus en adéquation avec le prix du billet. Surtout lorsque la SNCF met en place des rames courtes et qu'on voyage debout dans des trains devenus des bétaillères. Devant l'absence de contrôle, certains ne payent plus leur forfait pour "compenser". Nous dénonçons ce comportement et
nous aurions préféré que la SNCF reconnaisse ses manquements et dédommage les usagers en règle lorsqu'elle n'assure pas le service que l'on paye. Mais là, la direction de la SNCF ne le comprend pas et c'est bien dommage (nous reviendrons un peu plus tard sur le courrier que nous a adressé M. Bonnepart en juin dernier).
Je reviens sur le fait que la SNCF a abandonné le terrain sur le plan du contrôle. Le fait-elle sciemment? Je n'ai pas la réponse, mais je me pose la question.
Il faut savoir, que fraude ou pas, la SNCF est payée pour
chaque train qui circule, qu'il soit vide ou plein. Elle ne prend pas de risque car elle présente la facture à la Région pour les trains TER ou transiliens ou à l’État pour les Intercités. En contre partie, elle leur reverse une partie de la
recette (billets, forfaits etc...) en fonction de la fréquentation des
trains. La différence (déficit) reste donc à la charge de la région et de l’État. Là où la SNCF prend un risque, c'est sur le calcul (obscure) du prix d'un train qu'elle fait payer aux régions et à l’État. Elle voudrait l'augmenter, les régions le faire baisser... mais c'est un autre vaste sujet.
La fraude a donc son importance car elle fausse les données dans tous ces calculs complexes.
Que faire?
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la SNCF doit reconquérir le terrain qu'elle a délaissé en contrôlant de manière systématique.
Actuellement, elle a choisi la méthode "accueil embarquement" et donc sur le quai. Pourquoi pas, mais c'est loin d'être suffisant. A Vernon, les billets Vernon-Bonnières suffisent dans ce cas et personne n'est dupe sur ce petit jeu.
A PSL, cela aurait plus d'impact mais il faudrait dans ce cas contrôler tous les trains au départ pour Mantes et au delà.
Les contrôles dans les trains devraient en même temps être plus réguliers. Cela rassurerait les usagers. D'autre part, un contrôle systématique permettrait d’apaiser les tensions.
Mais que font aujourd'hui les ASCT (agent du service commercial train=contrôleurs)? On constate qu'ils sont seuls dans une double rame à 2 étages. Dans ce cas, le contrôleur ne peut pas faire du contrôle. D'ailleurs, souvent, il ne remonte plus la rame, il s'enferme dans la cabine et laisse "Simone" faire les annonces. Il faudrait au moins 4 agents / train. Cela a donc un coût. D'un autre coté, c'est un des derniers contacts avec l'entreprise. Il a donc son importance. Pour comparer, jeudi dernier, j'ai pris le Thalys, c'est un autre monde. Je préfèrerais que la SNCF fasse moins de pub et mette plus de monde pour contrôler!
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le coût du forfait doit être en relation avec le trajet effectué. Ce n'est pas le cas actuellement. Il faudrait revoir son calcul. De même pour le dédommagement des usagers par la SNCF lorsque le service n'est pas correct. Le refus actuel de la direction n'est pas normal.
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en IDF, la région, la SNCF et la RATP doivent aussi réagir. Sauter les tourniquets est un sport trop souvent pratiqué, même devant des agents SNCF. Ce n'est pas normal. Dans d'autres pays, en plus des tourniquets, un agent vérifie que personne ne saute et renseigne les gens. Là encore, une histoire de coût et de volonté.
* Enfin, rendre le transport gratuit n'est pas selon nous une solution viable. Cela réduirait encore plus les investissements alors qu'ils sont déjà insuffisants. L'insécurité augmenterait encore plus. Non,
tous les usagers doivent payer, mais le juste prix.